Sur mes étagères : American Gods de Neil Gaiman

American Gods, Neil Gaiman

Edition : Au Diable Vauvert

Genre : Indéfinissable

Pages : 700

Lauréat du prix Hugo et du prix Nébula en 2002









Résumé :
" Quand les anciens dieux se sont installés en Amérique, amenés par de hardis navigateurs puis par les vagues successives d'immigrants, ils pensaient trouver un territoire à la mesure de leurs ambitions. Peu à peu, cependant, leurs pouvoirs ont décliné : Anubis - l'ancien dieu des morts égyptien - en est réduit à travailler dans une entreprise de pompes funèbres ! Et de nouvelles idoles - cinéma ou Internet - se sont imposées. C'est pourtant un humain, Ombre, qui se retrouve au cœur d'un conflit titanesque : à peine sorti de prison, découvrant que sa femme est morte et que son meilleur ami était son amant, il accepte un contrat aussi dangereux qu'étrange"
J’ai longuement hésité avant de faire cette chronique. American Gods est tellement dense, tellement riche que je me demandais par quoi j’allais commencer. Mais sincèrement, je ne pouvais pas ne pas vous parler de ce livre que j’ai vraiment adoré.

Commençons par le début. Ombre, le personnage sur lequel est centré le roman, s’apprête à sortir de prison. Détenu modèle et repenti, il ne rêve que de rentrer chez lui où, pense-t-il, l’attendent sa femme et un boulot dans la salle de sport de son meilleur ami. Ses projets vont être compromis quand le directeur de la prison le convoque pour lui annoncer que sa femme et son meilleur ami on eut un accident de voiture.

En se rendant à l’enterrement, Ombre fait la connaissance de Voyageur, un personnage étrange qui lui propose un travail d’homme à tout faire. L’ancien taulard commence par refuser, mais voyageur n’est pas le type d’homme auquel on peut dire non. Il finit donc par accepter le boulot. Le voilà alors impliqué bien malgré lui dans une guerre qui le dépasse, une guerre où anciens dieux et nouveaux se disputent le droit d’exister.

“ Il n'y a dans toute la Bible qu'un seul personnage à qui Jésus promet personnellement une place avec lui au Paradis. Ce n'est ni Pierre, ni Paul, ni aucun de ces gars-là : c'est un larron qu'on est en train d'exécuter. Alors, ne dites pas de mal des condamnés à mort. Si ça se trouve, ils savent des choses que vous ignorez.”

American Gods, est un roman exigeant. C’est un des livres les plus compliqués que j’ai eu l’occasion de lire. Franchement, parfois, il faut s’accrocher. Mais cela vaut le coup. C’est un roman d’une richesse incroyable, qui fourmille d’anecdotes et de références. L’Amérique y est dépeinte comme une terre sauvage où tous les peuples ont un jour mis les pieds, emmenant avec eux leurs croyances et leurs dieux. J’ai adoré rencontrer tous ces dieux et déesses. J’en connaissais certains comme Odin, Loki, Kali, Horus, d’autres comme Anansi ou Czernobog m’étaient totalement inconnus. J’ai bien aimé aussi les interludes qui racontent l'arrivé de tous ces dieux en Amérique. J’ai appris plein de choses, même si je ne suis pas sûre d’avoir tout retenu.

Mais revenons à notre histoire. Des siècles ont passé depuis l'arrivée de ces dieux en Amérique. Leurs fidèles les ont oubliés, les privant de la foi à l’origine de leur pouvoir. Autrefois surpuissants, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes et survivent comme ils peuvent. Si certains s’en sortent mieux que d’autres, pour la plupart ce n’est guère reluisant. Ils font des petits boulots, montent des arnaques, se prostituent, il y en a même qui se suicident… Gaiman ne manque pas d’humour et n’a aucun complexe à faire descendre les dieux de leur piédestal. Ceux-ci ont leurs qualités et leurs défauts. Ils sont profondément semblables aux humains qui les ont créés.

Les dieux ne sont pas les seules victimes de la plume acerbe de Gaiman. American Gods dresse aussi un portrait au vitriol de notre société moderne où les anciennes divinités on était remplacé par le culte des objets de consommations. Les nouveaux dieux qui se dressent contre les anciens portent des noms comme “ Média”, “Ville”, “Télévision”, mais même eux sont menacés par un monde où rien ne dure. Si le roman vise en premier lieu l'Amérique en la proclamant comme "une terre stérile" pour les dieux, nous ne sommes pas très loin de la société de consommation, de cette course à la nouveauté qui nous conduit à ne plus prendre le temps de réfléchir à ce qui est réellement important.

“ je peux croire des choses vraies et des choses fausses, et même des choses dont personne ne sait si elles sont vraies ou fausses. Je crois au Père Noël, au lapin de Pâques, à Marilyn Monroe, aux Beatles, à Elvis et à M. Ed, le cheval parlant [...]. je crois que les gens peuvent s’améliorer, que la connaissance est infinie, que le monde est dirigé par des cartels de banques secrets et régulièrement visité par des extraterrestres- des gentils qui ressemblent à des lémuriens ridés et des méchants qui mutilent le bétail et convoitent notre eau ou nos femmes. Je crois que les lendemains chantent, mais aussi qu’ils déchantent, je crois qu’un de ces jours la Femme-Bison Blanc va revenir nous botter le cul. Je crois que les hommes ne sont que de petits garçons montés en graine avec de profonds problèmes de communication, que le déclin de la sexualité en Amérique coïncide avec le déclin des drive-in dans la plupart des États. Je crois que tous les politiciens sont des escrocs sans scrupules mais qu’ils sont préférables à l’alternative. “
Dans ce roman, Neil Gaiman mêle avec habilité Fantasy, Thriller, Erotisme, Conte et légende, road movie… Bref, un livre à part que je vous conseille vivement. Je vous laisse avec la bande-annonce de la série adaptée du roman qui sortira en 2017.



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