Le premier garde ne comprit pas ce qui
lui arrivait. Il vit juste une fine silhouette se jeter devant
lui, avant que son cheval se cabre, le projetant à terre.
L'instant d'après, une pluie de pierres tomba du toit. Le prince
Aisling jura et dégaina la rapière qu'il portait à la
ceinture. D'un geste, il indiqua aux soldats qui l'entouraient de se
rassembler autour du chariot. Autour d'eux, la bataille ne tarda pas
à faire rage. Leurs ennemis les dépassaient en nombre et semblaient
se fondre dans l'obscurité. Il regretta de ne pas avoir pris plus
d'hommes. On l'avait pourtant prévenu que la cité de Cahadh
grouillait de voleurs et de rebelles. Ils ne craignaient pas trop la
première catégorie. Il fallait être drôlement culotté pour
attaquer une troupe de soldats de l'Empire. La seconde était plus
dangereuse, car ils n'avaient rien à perdre. L'empire était
impitoyable avec ceux qui défiaient son autorité. Pour les
inconscients qui s'y risquaient, il valait presque mieux mourir
au combat que de se faire capturer. Les mines du pays regorgeaient de
jeunes gens qui s’étaient crus plus forts que l'empereur. Ceux-ci
ne survivaient jamais très longtemps.
Cahadh, la rebelle.
Cahadh l'insoumise. Cela faisait plus de cinquante ans que la
cité état était tombée sous le joug de l'Empire, et
pourtant, la rébellion ne faiblissait pas. Sa
jeunesse continuait à se battre et mourir au nom d'une liberté
qu'elle n'avait jamais connue. C'était sans doute la raison qui
avait poussé son grand-père à l'envoyer, lui, un prince de
l'empire, diriger des troupes dans ce trou à rat perdu à la
frontière sud du territoire. Car si la cité avait été prospère,
il ne restait plus grand-chose de sa gloire passée. Les magnifiques
bâtiments qui faisaient autrefois sa fierté avaient été pillés
par ses propres habitants. Les mêmes qui disaient se battre pour
préserver la dignité de la ville en déclin. Foutaise. Cahadh
n'était plus qu'un immense tas de ruines. Les habitations branlantes
des bas-fonds se multipliaient à une vitesse effarante, à l'image
des pauvres âmes qui y vivaient. Si seulement ses idiots arrivaient
à comprendre que cette décadence était uniquement leur faute. En
refusant toutes les merveilles que l'Empire avait à leur offrir, ils
sautaient eux-mêmes au fond du gouffre, entraînant tous leurs
concitoyens avec eux. Et cela, l'empereur ne pouvait pas le
permettre. À lui, maintenant de le satisfaire en faisant rentrer la
cité déchue dans le rang.
Pour accomplir cette
mission, le prince avait emmené avec lui une partie de sa garde
personnelle, des soldats d'élite, rompu aux maniements des
armes avec lesquels il s’entraînait tous les jours. Pourtant, ces
guerriers expérimentés semblaient rencontrer des difficultés.
Difficile de se battre contre des ombres. Aisling scruta l'obscurité
pour essayer de mieux voir ce qui se passait à l'avant du convoi. Un
mouvement sur le toit d'un des bâtiments qui bordaient la rue attira
son attention. Il eut juste le temps d'apercevoir une silhouette
avant que celle-ci disparaisse. Les ennemis avaient donc posté une
partie de leurs hommes en hauteur. Voilà ce qui expliquait la pluie
de cailloux.
Les yeux braqués sur les
toits, Aisling ne vit pas l'ombre qui se glissait entre les
chevaux, son petit couteau à la main. D'un geste vif, le garçon
trancha les lanières qui maintenaient la selle du prince en place.
Le morceau de cuir glissa, entraînant l'homme avec elle. Au moment
où il tombait, Aisling aperçu le gamin passait au
cavalier suivant et répétait l'opération. Il fut choqué par la
jeunesse du combattant. Ce n'était qu'un môme !
Il heurta durement le sol,
maudissant l'architecte qui avait trouvé intelligent de paver
la rue. Cela faisait un mal de chien. Mentalement, il vérifia qu'il
n'avait rien de cassé. OK. Tout semblait fonctionner correctement.
Il se releva d'un bond et jeta un coup d’œil au chariot qu'il
était censé protéger. Plus aucun homme ne le défendait. Leurs
ennemis avaient réussi à les en éloigner. Le cocher gisait à
terre, sans doute mort. Plusieurs silhouettes en haillons avaient
pris sa place. Un nuage se déplaça et la lune éclaira la scène de
sa lumière blanche. Une fois de plus, le prince fut étonné par les
traits juvéniles de leurs assaillants. Eux, des soldats de l'Empire,
commandés par un membre de la famille impériale, étaient en train
de se faire tourner en ridicule par une bande de gamins des rues.
Cela dépassait l'entendement. S'ils perdaient, son honneur
serait terni à jamais.
Déjà, le chariot
s'éloignait, mené d'une main experte par les jeunes voleurs. A les
voir, Aisling comprit que c'était loin d'être la première fois
qu'il faisait ça. Par tous les dieux, pourquoi le capitaine du guet
ne l'avait pas mis au courant ? On lui avait parlé d'acte de
rébellion isolé, de noble rançonné et de marchands qui refusaient
de payer leur impôt. La situation était bien plus grave. Il regarda
autour de lui. Ses gardes s’étaient déployées autour de lui,
empêchant les ennemis de l'attaquer. Il jura de nouveau. Il était
un guerrier. Ce n'était pas lui que ces hommes devaient protéger,
mais le chariot qui venait de disparaître dans la ruelle adjacente.
Il fit signe aux soldats les plus proches de le suivre, mais deux
jeunes assaillants se jetèrent sur eux. Le prince pesta et se
lança seul à la poursuite des voleurs.
_______________________
Image trouvée ici ; http://www.deviantart.com/art/Medieval-City-7317067
Je vais peut-être un peu chipoter, mais c'est fait exprès pour voir ce qu'on peut améliorer.
RépondreSupprimerJe n'aime pas trop ce bout là:
Il eut juste le temps d'apercevoir une silhouette avant que celle-ci disparaisse. Les ennemis avaient donc posté une partie de leurs hommes en hauteur. Voilà ce qui expliquait la pluie de cailloux.
Rien que le fait qu'il y ait une pluie de cailloux, ça ne devrait pas être suffisant pour qu'il comprenne qu'il y a des gens sur les toits ?
Le Ok un peu plus loin n'est pas vraiment nécessaire. Enlève-le, tu verras qu'il n'ajoute rien au paragraphe.
Bon, à part ça, j'aime beaucoup plus cette partie que la première. La mise en perspective est intéressante. Pour ce qui est de l'histoire en elle-même j'attends de voir la suite pour savoir s'il y a des choses à améliorer. Continue!
salut,
RépondreSupprimerChipote autant que tu veux, c'est comme ça qu'on progresse.
Merci,