La voleuse de livres, de Markus Zuzak

La voleuse de livres, de Markus Zuzak

Editeur : Oh edition

Roman historique

pages :560











 
Je ne sais pas trop par où commencer. La voleuse de livre a été une énorme claque littéraire. Pourtant au départ, le sujet, le quotidien d'une petite fille allemande durant l'Allemagne nazie, ne semblait pas forcément palpitant. C'est le titre, la voleuse de livre, et le fait que le narrateur soit la mort qui m'ont poussés à lire ce livre.
" Quand la Mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l'écouter. "

Car, oui, si le livre nous raconte le quotidien de Liesel, une jeune allemande et de ses proches dans l'Allemagne, le personnage principal du roman est la mort elle-même, et c'est ce qui fait tout le génie de l'auteur. Loin des représentations habituelles, la Mort, vue par Markus Zuzak est un être plein d'empathie qui accueille les âmes des humains au crépuscule de leur existence. Dans ce livre, la mort n'est pas la cause du décès, mais le résultat. Elle ne cherche jamais à "ramasser" une âme si ce n'est pas le moment. Elle se contente d'accompagner les défunts, témoin impuissant des tragédies qui se jouent en cette période troublée. Elle est à la fois sensible à la beauté de l'homme, et déconcertée par la capacité qu'ont les humains de s'autodétruire. C'est ce qui la pousse à suivre Liesel, dont elle suit le parcours de loin, au fil des morts qui vont émailler sa vie.

"Je trouve toujours des humains au meilleur et au pire d'eux-mêmes. Je vois leur beauté et leur laideur et je me demande comment une même chose peut réunir l'un et l'autre. Reste que je les envie sur un point. Les humains ont au moins l'intelligence de mourir."
 
La première mort est celle du petit frère de Liesel. Celle-ci a lieu lors d'un trajet en train qui doit les emmener à Molching où les attend leur famille d'accueil. C'est la première rencontre entre la petite fille et notre narrateur si particulier. C'est aussi l'occasion pour Liesel de voler son premier livre, "le manuel du fossoyeur", elle qui ne sait pourtant pas encore lire. C'est son père adoptif, Hank, un homme de valeur, remplie d'affection pour cette petite fille qui n'est pas la sienne. A Molching, il y a aussi Rosa, sa mère adoptive, qui cache un grand cœur sous son langage grossier, Frau Holtzapfel, la femme du maire qui possède une immense bibliothèque, Max, le juif caché sous l'escalier, et Rudy qui est amoureux d'elle... Tous ses personnages sont terriblement attachants, et malgré la simplicité de ce qui est raconté, on ne peut s'empêcher de vouloir savoir ce qui va leur arriver. Et c'est cette simplicité qui rend le livre si poignant. Car dans ce quotidien se cache toute l'horreur de la Seconde Guerre mondiale : les déportations, les bombes, les morts, les défilés de juifs, l'endoctrinement, toute cette violence déployée au nom du nazisme et contre laquelle la petite fille ne peut rien. Sans que l'on ne s'en rende compte, on est happé par le tourbillon de l'Histoire, et comme la mort, on assiste impuissant au pire comme au meilleur dont l'homme est capable. Le choix du narrateur permet un détachement, qui paradoxalement nous rapproche des protagonistes du roman.
"Rue de Munich, ils regardèrent.
Les gens se massaient autour d'eux.
Ils regardèrent les Juifs descendre la rue comme un catalogue de couleurs. Ce ne sont pas les termes qu'employa la voleuse de livres pour les décrire, mais je peux vous dire que c'est exactement ce qu'ils étaient, car un grand nombre d'entre eux allaient mourir. Ils m'accueilleraient tous comme leur dernière amie sincère, avec des os pareils à de la fumée et leurs âmes traînant derrière."

Ce livre a suscité en moi de fortes émotions. Je suis entré en phase avec Liesel, ressentant ces joies, ses doutes et ses peines. L'ampleur émotionnelle monte au fur et à mesure, et c'est dans un état bizarre que j'ai refermé le livre quand je l'ai terminé.
"Elle a lâché le livre.
Elle est tombée à genoux.
La voleuse de livres a hurlé. "

Pour résumer, la voleuse de livre a été un immense coup de cœur que je vous conseille vivement.


3 commentaires:

  1. J'ai pris plaisir à lire ta chronique et à redécouvrir certains passages. Ce livre est vraiment bien écrit. Pourtant c'est un sujet dont on a fait le tour à priori mais la plume de l'auteur rend le tout original et émotionnellement déchirant !
    Bises ^^

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  2. Pas encore lu, mais il est aussi dans ma PAL. Je crois que nous avons les mêmes goûts littéraires... ;)Bisous

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  3. Ce livre à aussi été un vrai coup de cœur pour moi :)

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