La théorie de la relativité -Barbara Haworth-Attard - 4/5
Editions Thierry Magnier
Roman Jeunesse
Rassurez-vous, malgré le titre trompeur, ce n'est
pas d'un obscur traité sur les théories d'Einstein dont je vais vous parler,
mais bien d'un roman jeunesse.
Dylan vit dans la rue et il a une théorie, une
personne sur quatre lui donne de l'argent. Et comme toutes les bonnes théories,
il faut la vérifier. Cela tombe bien, Dylan n'a que ça à faire depuis que sa
mère l'a mis à la porte le jour de son seizième anniversaire.
Des théories comme ça, Dylan en a un paquet. Comme
Einstein dont il découvre la bibliographie à la bibliothèque en essayant
d'échapper au froid, son esprit est continuellement en mouvement.
Malheureusement cela ne suffit pas pour survivre dans l'enfer de la rue. Dylan
n'est pas le seul adolescent à vivre dehors. Dans la rue, il y a aussi Ambre, la belle et douce
Jenna dont il est amoureux ou encore Twitch, un jeune garçon drogué et illettré
à la fragilité attachante.
Mon avis :
J'ai beaucoup aimé ce roman. L'auteur évoque de
façon très juste une dure réalité, dont on parle finalement assez peu dans la
littérature jeunesse : les enfants des rues. Oh bien sûr, tout le monde a
entendu parler du petit Rémi, de sans famille ou du jeune Oliver Twist, de
Dickens, mais on oublie facilement que cela existe encore, et parfois beaucoup
plus près de chez nous qu’on l'imagine. D'après l'UNICEF, 120 millions d'enfants
vivent dans les rues. En France, ils sont 40000 à être livrés à eux-mêmes. La
plupart ont fui un contexte familial difficile, d'autres comme Dylan ont été mis
à la porte. Mais je m'égare. Dans la théorie de la relativité, Barbara H-A nous
décrit sans fausse pudeur la difficulté de la vie de ces jeunes livrés à
eux-mêmes. Où plutôt de la survie, car quand on est à la rue, on ne vit pas, on
survit. La force de ce livre réside dans la froide simplicité avec lesquels
l'auteur aborde les problèmes auxquelles sont confrontés ces enfants : la faim,
le froid, la solitude, la drogue qui aide à oublier, mais rend complètement
dépendant, ou encore la prostitution, l'inceste, les gangs de rue qui essayent
d'instaurer leur loi. Malgré tout, ces gosses ont un courage et une rage de
vivre qui force le respect. Rare sont les fois où ils se plaignent de leur sort.
Ils surmontent les épreuves ensembles.
C'est le deuxième gros point fort de ce roman, ces
personnages. J'ai tendance à trouver les personnages de roman pour ado un peu
fade, un peu stéréotypé, mais pas là. Ce sont des vrais ados, avec leurs
contradictions, leur passé, souvent douloureux, mais toujours évoqué avec
énormément de pudeur, leurs défauts aussi. Aidé par la narration à la première
personne, on s'attache tout de suite à Dylan, un garçon intelligent, peut-être
un peu trop, fier aussi, indubitablement trop pour son propre bien. Ses
compagnons d'infortune ne sont pas en reste. De fortes personnalités, très
différentes, avec comme seuls points communs des blessures, parfois visibles,
des fois, non. Les adolescents, qui sont la cible de ce livre, ne pourront pas
rester indifférents au sort de ces jeunes qui leur ressemble, et que le hasard
de la vie a jeté sur le trottoir.
L'écriture est fluide et rythmée ce qui ne gâche
rien. Bref, je vous recommande vivement ce livre.
En bonus, une petite vidéo sur une expérience
réalisée en Suède. Je l'ai trouvée très bien faite, et cela fait un moment que
je me demande où la placer.
Et vous, auriez-vous prêter votre manteau
?
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